mardi 15 octobre 2013

Vandal

Hélier Cisterne - 2013


Les poches saturées de bombes colorées, le visage mangé par une capuche, Chérif colle au train de son cousin - le meneur ; les deux ombres enjambent sans regret le rebord de fenêtre pour se laisser adroitement tomber dans la gueule des Ténèbres. La nuit, doucement les renifle, les lèche puis les avale; commence alors la palpitante quête du spot parfait. Apposer sa griffe sur un pan de mur visible par tous compte plus que la qualité du graff elle-même ; estomaqués qu'un mec, seul, étale son blase avec autant d'aisance et de maitrise sous leur nez et sur leur territoire, les Ork fulminent et partent en guerre.. La caméra d'Hélier Cisterne épouse les formes de ses personnages, les révélant à la manière de leur art : instinctifs, imprévisibles et surtout libres. La gueule contre le sol, en haut d'une tour ou sur la bouche d'une fille, Chérif tente tant bien que mal de s'adapter, courbant l'échine de temps à autre pour mieux se redresser, la rage aux poings, debout sur la chape de béton qui couvre son propre tombeau gorgé de culpabilité : un poids énorme qu'il piétine furieusement, les yeux rivés sur un fantôme : Vandal.