Hélier Cisterne - 2013
Les poches saturées de bombes colorées, le visage mangé par une capuche,
Chérif colle au train de son cousin - le meneur ; les deux ombres
enjambent sans regret le rebord de fenêtre pour se laisser adroitement
tomber dans la gueule des Ténèbres. La nuit, doucement les renifle, les
lèche puis les avale; commence alors la palpitante quête du spot
parfait. Apposer sa griffe sur un pan de mur visible par tous compte
plus que la qualité du graff elle-même ; estomaqués qu'un mec, seul,
étale son blase avec autant d'aisance et de maitrise sous leur nez et
sur leur territoire, les Ork fulminent et partent en guerre.. La caméra
d'Hélier Cisterne épouse les formes de ses personnages, les révélant à
la manière de leur art : instinctifs, imprévisibles et surtout libres.
La gueule contre le sol, en haut d'une tour ou sur la bouche d'une
fille, Chérif tente tant bien que mal de s'adapter, courbant l'échine de
temps à autre pour mieux se redresser, la rage aux poings, debout sur
la chape de béton qui couvre son propre tombeau gorgé de culpabilité :
un poids énorme qu'il piétine furieusement, les yeux rivés sur un
fantôme : Vandal.
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