Une étoile solitaire vomit quelques notes sur le trottoir, deux astres
légèrement ivres les saisissent au vol, abasourdis; assourdissante envie
d'exister , de poser leurs mains sur un corps frémissant, vivant. Le
cadre est sombre, les êtres stellaires : brève et essentielle, tel est
le trait de leur existence, fusée rougeâtre qui transperce la raison,
errance totale d'un bout à l'autre de l'univers, leur arme? les mots,
bien assemblés, les mots qui blessent et qui rassurent, les mots qui
plongent en un murmure au fond de l'âme, les mots qui se dispersent,
capables de transformer un amas de béton en bruyère, petite giclure de
désespoir au coin des yeux, les mots enfin, que personne ne prononce
avant l'aurore, les mots encerclés d'Or, les mots sur lesquels on se
couche, tremblant de rage, une cigarette éteinte à la bouche...
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