samedi 9 août 2014

L'Enfer des Zombies ( Zombi 2)

Lucio Fulci - 1979


Emberlificotée contre l'orbite d'un corps putride, une poignée de vers grignote - grignote - grignote et se tortille au son entêtant des percussions vaudous. La mélopée résonne à l'intérieur de cette boite crânienne fondue, cadavre dégueulasse, recouvert d'une terre aux relents de Mort, boum - boum - boum un métronome taré bat la mesure, (splendide travail sur la musique et les effets sonores) affolant toujours plus les rescapés : la trouille lèche leurs corps baignés d'une sueur au goût de sable, car oui, le décor est tropical. Ile mystérieuse et condamnée, eau capricieuse, reflets turquoises, Lucio Fulci a parfaitement choisi son cadre, le modelant au gré de ses envies les plus malsaines. Susan, seins nus, sanglée au maillot , frétillant appas, affrontera seule (et la première) cette démesure. Olga Karlatos n'est pas en reste, bien au contraire : ses apparitions sont certes peu nombreuses mais dégoulinantes d'effroi. Ainsi, l'exquise silhouette aux hanches folles s'approprie la plus géniale séquence du film , le corps pressé contre cette porte vermoulue, bataille acharnée de l'Ombre à la Lumière, elle qui, quelques instants plus tôt , invitait inconsciemment l'horrible créature à la dégustation -visuelle d'abord- de sa chair. Tisa Farrow se montre plus discrète, ne dévoilant que rarement son anatomie, ses émotions..  par souci de prudence, peut être?


 D'entrée de jeu l'hémoglobine envahit l'espace, éclaboussant les âmes à jamais contaminées de ces pauvres bougres embarqués dans cette terrible histoire mais également celles des spectateurs hébétés. L'idée est de nous montrer qu'aucune cachette n'est fiable.. c'est pas un pauvre écran 'télé qui va nous protéger, l'océan, des médecins ainsi qu'une flopée de flingues n'y sont pas parvenus,alors pense-tu que ta zappette suffira à repousser la menace.. Et puis cette musique entêtante qui s'imprime dans les esprits, un thème en apparence tranquille qui ne révèle toute sa puissance qu'une fois le générique de fin achevé... A l'instar de l’hôpital/sanctuaire de l'île, là où le virus se gargarise de chair et se propage avidement sur les visages apeurés, le film lui-même semble être porteur de cette effroyable vérité : la folie d'un petit nombre ne connait pas de limite à la Terreur de tous les autres. 



jeudi 7 août 2014

Night Moves

Kelly Reichardt - 2014



Tapie au sein de l'obscurité rassurante d'une nuit sans étoile, l'embarcation glisse sa carcasse assassine en un clapotis discret. A son bord, 3 fantômes, le regard braqué au loin, devinant l'objectif, immuable construction de béton vêtue, coulée par les hommes, dressant son indécente silhouette par delà les flots. Le coup est méticuleusement préparé, pourtant, c'est bien l'ombre du doute qui flotte au dessus des têtes. L’échine courbée, un bonnet sombre enfoncé jusqu'aux yeux, Josh s'adonne sobrement aux tâches à accomplir, omettant carrément d'assurer ses arrières : le gamin, aveuglé, happé par la Nuit, tourne le dos aux relations humaines, préférant se murer dans un silence aux poses effarouchées de bêtes sauvages. Ce sont bien les éléments naturels qui agissent à la place du garçon. Lui qui bouillonne de l'intérieur trouve une réplique parfaite à sa placidité en ce flot meurtrier de la rivière qui, enfin libérée, s'amuse à faire ce dont il est incapable : submerger, envahir . Kelly Reichardt apprivoise la nuit, la filmant d'abord avec retenue, par bribes, pour ensuite en draper totalement ses personnages : tout ce qui apparait dans le cadre est englouti, au fond des yeux du type elle brûle, s'étend jusqu'à bouffer son âme . L'enfant borné, au service des Ténèbres, doucement se consume sous le joug de cette entité millénaire dont il semble avoir été forgé, pas tout à fait prêt encore à se laisser mourir.