mardi 24 septembre 2013

Northwest

Michael Noer - 2013



L'ombre encapuchonnée navigue d'une pièce à l'autre de la demeure, déployant furtivement son bras agile afin d'saisir les objets qui l'intéressent. Casper - famélique fantôme au regard d'acier- assure. Il dépose ses sacs remplis de camelotes aux pieds de deux caïds, chargés de tout revendre, mais le jeune homme veut plus -  sa meuf paye les consos. Il fricote alors avec le crime organisé : un rail de poudre dans le museau plus tard, le voilà propulsé dans la cour des grands, tirant in extremis sa chair, son sang, à l'arrière de son scoot fumant. Brouillage ethnique, flingues percutants et joutes verbales, Northwest se drape d'un classicisme assumé, s'échinant tout de même à produire quelques instants de rage pure, collant les deux frangins de près; une alchimie fragile prend forme, barrant la route à toute figure féminine. Ce monde hostile distribue les coups dans la gueule comme Bjorn les billets sales, les petits bras de la gamine ont beau serrer son cou, la vie ne lui fera pas de cadeau . Les poumons éclatés, le froc souillé de merde, l'esprit en vrac, l'objectif s'recroqueville doucement au pied de sa propre tombe, vaguement conscient de la mélasse dans laquelle il s'est fourré. 





jeudi 19 septembre 2013

Parents

Bob Balaban - 1989 




Pieds nus sur la moquette immaculée, la main crispée sur une lampe torche, le jeune Michael avance silencieusement dans le couloir, entraîné deep down dans le garage par le pan de sa robe de chambre auquel Dame curiosité s'accroche... Quelques gouttes de frousse enfantine savamment distillées font la course aux coins de ses tempes, l'atmosphère lyophilisée de cette banlieue parfaite s'alourdit, les morceaux de viande frémissent sous la découpe et l'onirique carnage imaginé par l'enfant doucement se relève. Balaban s'éclate à tisser des liens complexes entre le monde de l'enfance et celui des adultes, tartinant ses dialogues d'ironiques répliques et privilégiant un point de vue interne bourré de références, celui du gamin.  Le film fourmille de détails amusants et n'attend de nous qu'une chose : que l'on se mette à table . 



lundi 16 septembre 2013

Le Dernier pub avant la fin du monde

Edgar Wright - 2013 


Les babines couvertes de mousseuse, la gueule en vrac, le King tape un ultime doigt au temps qui passe, gesticulant dans tous les sens, moquant la Mort et l'oubli à califourchon sur sa Jeunesse, fougueuse monture qu'il n'a jamais quittée. Tiraillé par la peur et le regret, le chef des mousquetaires se perd en babillages incessants, déversant un flot continu d'inepties, de vannes médiocres, essayant tant bien que mal de se démener sur un terrain qui , vu la prestance de ses 4 comparses, est d'ores et déjà conquis. Entre deux pintes d'ambrée le Rythme s'emballe, imbibé jusqu'aux os , les veines suintant l'alcool et la pisse colorée, enfin quelques éclats d'envie, par ci, par là, jalousement éparpillés aux quatre coins du cadre à peine chahuté, bruyant délire mégalo d'un Simon Pegg excessif d'un bout à l'autre du barathon : pénible. Wright peine à finir son verre, incohérent, inconstant et trop édulcoré; Nick Frost lui-même semble écrasé par l'ivre poids de son alcolyte: à décuver.


jeudi 12 septembre 2013

Ebola Syndrome

Herman Yau - 1996





Une flopée d'images virulentes se bouffent à l'écran, Sperme Sang Salive, dégueulasse trinité qui gicle en geysers dans la tronche des protagonistes, infectés par le Virus. De violents coups de mâchoires mastiquent la chair humaine broyée, servie par Anthony Wong, dégénéré. L'animal infecté agite sa queue dressée, maestro cannibale, aux quatre coins du globe en ricanant,  guidé par ses pulsions dévastatrices. Yau dirige son sanglant bordel d'une main experte,  n'hésitant pas à traîner sa caméra dans les entrailles du Genre humain, collant la gerbe à maintes reprises, et puis toujours ces drôles de dialogues incongrus qui enveloppent la pellicule d'une légère croûte d'ironie cocasse.